1. Ici encore, nous ne parlons pas d’art vidéo,
mais de cinéma et en particulier du cinéma fictionnel.
2. Benjamin. W (1936)
L'œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique.
Etude américaine « When Going Gets Tough: Barriers and Motivations Affecting Arts Attendance » , 2015
3. Entretien réalisé dans le cadre de la recherche de mémoire. Il est disponible dans l’onglet Interview sur mon site internet.
Article 3, programmatique
La salle de cinéma propose une expérience singulière à ses spectateurs, intensifiant leurs émotions et les plongeant profondément dans les histoires qui leur sont présentées. Le cinéma, par rapport aux autres arts, a un fort pouvoir d’immersion. Pendant plusieurs heures, nous, spectateurs, sommes totalement dédiés à ce que nous voyons et pris par le récit qui nous est raconté.
De cette expérience singulière, il peut être intéressant d’extraire des principes pour créer une nouvelle narration d’exposition en proposant une exposition hybride.
Pour mon futur projet, le but n’est ni de déplacer la boîte noire dans une salle d’exposition ni de concevoir une exposition dédiée à l’art vidéo. L’objectif de ma recherche est d’utiliser cette expérience cinématographique pour imaginer une nouvelle façon de raconter une exposition, pas d’en faire des expôts.
Pour cela, il est intéressant de jouer avec les critères de l’expérience cinématographique que nous avons établis dans l’article précédent. Nous pouvons imaginer des espaces où certains critères sont absents, comme la position assise ou la temporalité imposée. Cependant, certains critères sont essentiels à cette expérience. Le médium vidéo est primordial, il est le moyen de monstration du cinéma qui lui donne ainsi sa particularité. A côté du médium vidéo, l’expérience collective me semble être un élément important de l’expérience de la salle de cinéma. Ces moments communs créent la force de l’expérience en nous faisant ressentir des multitudes de sentiments tous ensemble.
Ces deux critères sont les fondements pour recréer la dimension immersive d’une salle de cinéma, les autres critères viennent ensuite agrémenter et intensifier l’expérience.
Pour ce projet, nous allons devoir jouer avec les différents curseurs de l’expérience cinématographique afin de voir jusqu'à quand l’expérience n’est plus présente.
Dans ce troisième et dernier article, nous allons dans un premier temps, nous intéresser à cette notion d’hybridation et à quel type d’exposition celle-ci peut se rattacher. Puis dans la deuxième partie, nous allons nous pencher sur les différentes formes que la narration cinématographique peut adopter, tout en ajustant ses paramètres pour en extraire des éléments fertiles.
L’hybridation entre la salle d’exposition et la salle de cinéma
Comme nous avons commencé à l’expliquer, la notion d’hybridation réside ici dans l’idée de mélanger ces deux expériences, celle de la salle de cinéma et celle d’une exposition, afin d’imaginer une nouvelle narration d’exposition possible. L’enjeu ici n’est pas de prendre l’exposition pour la déplacer dans la salle de cinéma ou de prendre ces deux expériences et de les sortir de leur bâtiment pour créer une nouvelle fonction.
Pour ce projet, j’aimerais rester ancrée dans un contexte d’exposition car mon intention est de réfléchir à la manière dont l’expérience de spectateur de cinéma peut être utilisée pour valoriser des œuvres d’arts dans une exposition. Autrement dit, l’enjeu de mon projet est d’essayer d’imaginer une ou des nouvelles formes narratives d’exposition inspirées de celle de la salle de cinéma.
Cette narration jouera avec la posture du visiteur-spectateur comme nous l’avons analysé dans les articles précédents. Elle rendra la frontière entre visiteur-spectateur plus floue et ambiguë. Le visiteur pourra vivre des moments où il se retrouvera en position de visiteur, déambulant et découvrant par lui-même puis ponctuellement se retrouver spectateur tout en étant en mouvement.
Finalement, cette narration impose aux visiteurs une posture les incitant à se laisser guider. Ils n’ont pas à aller chercher à voir et découvrir, c’est l’exposition qui vient à eux. Cette posture de la part du visiteur peut paraître à contre-courant avec les tendances actuelles qui encouragent une participation. Dans mon projet, le visiteur n’aura pas le rôle d’acteur, l’expérience cinématographique n’encourage aucune interactivité. Un des critères du spectateur de cinéma important, à mon sens, est sa capacité à se laisser guider et porter par ce qu’il voit, entend et ressent.
Cette hybridation impose de réfléchir à la place de l’exposition classique. Le but de mon projet n’est pas de recréer des expositions numériques comme l’Atelier des lumières peut le proposer. Pour cela, l’hybridation repose sur la présence d’expôts. Il est primordial de choisir un contexte d’exposition possédant des œuvres concrètes et matérielles que l’expérience cinématographique viendra valoriser.
Dans un premier temps, on imaginerait ce principe pour des expositions sur le cinéma1. Quoi de plus captivant que de raconter le cinéma par le langage cinématographique ? Ce projet pourrait trouver une application pertinente dans le cadre d’exposition à la Cinémathèque française.
Cette hybridation pourrait être intéressante car le cinéma, un art si particulier à exposer, pourrait obtenir sa propre narration d’exposition. Le cinéma est le seul art qui, lorsqu’on l’expose, ne peut exposer son œuvre finale : le film.
Choisir ce type d'exposition en tant que contexte de projet serait fort dans sa symbolique mais sa mise en œuvre serait plus complexe. En effet, la vidéo a une place importante dans ces expositions à travers des extraits de films, de documentaires ou encore d'interviews. Ces extraits vidéos sont des expôts illustrant l'histoire du cinéma mais n’ont pas comme vocation d’être le médiateur entre l’exposition et les visiteurs. Cependant pour ces expositions sur le cinéma, l’ajout d’une narration vidéo risquerait peut-être de brouiller les expôts déjà existants et ainsi compromettrait leur mise en valeur.
Ainsi pour appliquer ce principe d'exposition hybride, il peut être intéressant de réaliser une exposition qui ne possède aucun expôt numérique comme les expositions de beaux-arts, des expositions composées de tableaux et de sculptures.
Pour ces expositions, la narration cinématographique, et donc la vidéo, n’est pas forcément là où on l’attend. C’est un terrain qui peut être intéressant à investir.
Dans ces expositions, l’expérience cinématographique peut apporter une nouvelle façon de vivre et lire ces expôts. Cette hybridation entre expositions de beaux-arts et expérience cinématographique pourrait mettre en avant plusieurs éléments.
Dans un premier temps, métaphoriquement, mettre en tension les beaux-arts et le cinéma crée une certaine mise en abîme entre les deux arts. Si nous résumons très rapidement l’histoire de l’art, nous savons que le cinéma découle des premiers arts et donc des beaux-arts. Le cinéma est l’art le plus jeune. Il est né de la recherche de révéler le réel.
Il peut être alors symbolique que ce jeune art raconte cet art plus ancien.
De plus, aujourd’hui encore, il existe une certaine tension entre les beaux-arts et le cinéma. Pour de nombreuses personnes, le cinéma est un art populaire, de masse d’après les mots de Walter Benjamin2. Pour d’autres, le cinéma n’est même pas un art. La notion d’art populaire est vu péjorativement par les intellectuels.
A côté de cela, il y a les beaux-arts. Un art d’élite qui peut être incompréhensible et inaccessible pour ceux qui n’en sont pas experts. Il est alors symbolique de mélanger ces deux pratiques et d’utiliser l’expérience cinématographique pour valoriser cet art qui, dans son cliché, est perçu comme un art supérieur au cinéma.
Ainsi, la notion d’art populaire est vue par les intellectuels péjorativement, alors que nous le voyons positivement, comme un médiateur accessible pour tous.
La tension entre cinéma et beaux-arts peut, d’une certaine manière, résonner avec les deux publics que nous avons analysés dans les critiques de l’Atelier des Lumières dans le premier article. Nous avons d’un côté le grand public qui, pour l’Atelier des Lumières, apprécie les belles images et la facilité de compréhension. Ce public aurait potentiellement plus tendance à être attiré par le cinéma et donc plus sensible à une narration cinématographique. De l’autre côté, nous avons un public plus expert pour qui la contemplation de véritables œuvres d’arts est irremplaçable et qui pourrait avoir tendance à être réticent et développer un certain mépris envers un apport cinématographique.
Entre ces deux publics, il y a pour mon projet une cible intéressante. Est-il possible de réunir ces deux publics grâce à une exposition hybride ?
Ces deux publics ne recherchent pas forcément la même chose lorsqu’ils vont visiter une exposition. Une étude américaine, « When Going Gets Tough: Barriers and Motivations Affecting Arts Attendance » , montre que 88% des visiteurs viennent apprendre de nouvelles choses mais aussi, 73% des visiteurs cherchent à vivre une expérience de haute qualité.
Dans l’article, ils entendent par haute qualité une expérience singulière qui bouge les codes de l’expérience classique en proposant une expérience forte et émotionnelle.
Aujourd'hui de nouvelles attentes de la part des visiteurs voient le jour. Il n’y a pas que des visiteurs qui cherchent à apprendre de nouvelles choses de façon académique, certains cherchent aussi à apprendre à travers une expérience singulière. C’est pour cela que mon projet peut s’ancrer dans une recherche de solution entre ces deux publics. La présence d’une exposition classique répondra à une demande plus académique et la narration cinématographique sera l’apport expérientiel, mais aussi académique puisque cette narration expliquera les œuvres. Elle aura un rôle de médiation pour les personnes qui en auront besoin.
Alors pour ce futur projet, je pense qu'il est intéressant d’imaginer une exposition hybride prenant comme contexte une exposition de beaux-arts. Un choix plus précis s’opérera au cours de la recherche active de mon projet. Il me semble important de trouver dans les beaux-arts, un mouvement ou un artiste qui fasse sens dans ce projet. Il pourrait, par exemple, être intéressant d’explorer l'impressionnisme car ce mouvement a un rapport très étroit avec le cinéma.
Les différentes formes de l’hybridation
Après avoir décidé du contexte d’exposition, nous pouvons commencer à imaginer des principes de narrations qui créeront l’hybridation.
Cette narration cinématographique sera forcément portée par le médium vidéo car elle est le moyen de monstration du cinéma. Pour cela, pour ce projet nous pourrions nous entourer de scénaristes et de monteurs vidéos. Lors d’un échange3, le scénographe Maciej Fiszer m'a expliqué qu’il travaille avec des monteurs vidéo de cinéma pour ces expositions, c’est par exemple le cas de l’exposition Bollywood Superstars au quai Branly. Alors il peut être intéressant d’apporter un aspect plus cinématographique en s’entourant de ceux qui créent le cinéma.
Cependant, cette présence audiovisuelle imposera des contraintes, c’est pourquoi un des enjeux de ce projet est aussi de ne pas reproduire par facilité ce que les musées font pour exposer de la vidéo (en tant qu’expôt) : recréer une boîte noire. Dans cette boîte noire, la vidéo exposée ne dérange pas les autres expôts, le son ne gêne pas la totalité de l’exposition et la boîte noire permet d’avoir un parcours fluide. La boîte noire possède des avantages spatiaux pragmatiques mais ne permet pas, dans le parcours de l’exposition, de faire dialoguer les œuvres entre elles.
Lors de cet échange, Maciej Fiszer m’a aussi partagé sa stratégie de mise en espace d’une vidéo. Lorsque celle-ci crée trop de contraintes, il essaie de créer des recoins ou une boîte noire pour positionner la vidéo. Cependant, il trouve aussi que cela est parfois regrettable car il est intéressant de voir des vidéos dialoguer avec le reste de l’exposition.
Ces fameuses boîtes noires recréent, d’une certaine manière, les conditions de la salle de cinéma mais appliquées à un expôt tel qu’une vidéo artistique, des documentaires ou des extraits de films… La différence importante à comprendre avec mon projet est que l’apport de cette narration cinématographique sera des vidéos qui auront le rôle de médiateur.
C’est pourquoi enfermer les vidéos qui vont créer la narration cinématographique n’aura que très peu d'intérêt puisque celles-ci doivent dialoguer avec les œuvres présentes dans l’exposition.
Maintenant, nous allons essayer de trouver différentes formes que cette narration cinématographique peut adopter.
La narration cinématographique peut donc prendre le rôle de médiateur. Comme nous avons commencé à l’expliquer, la narration cinématographique peut être le lien entre les œuvres et les visiteurs. Des extraits vidéos projetés peuvent venir raconter l’histoire d’un artiste ou expliquer plus en détail un tableau.
Cette vidéo peut être menée par un ou plusieurs comédiens qui seraient les narrateurs de l’histoire. Ce personnage peut être présent durant toute l’exposition et être la personne sur laquelle les visiteurs peuvent se raccrocher pour découvrir et apprendre de nouvelles choses. L’hôtel de la marine à Paris propose une exposition menée par un narrateur sonore. Muni d’un casque (qui n’isole pas totalement l’auditeur des autres sons), les visiteurs découvrent le lieu grâce à des personnages tout droit sortis d’une autre époque. Ce dispositif sonore est géolocalisé, quand on se déplace le personnage nous raconte ce que nous voyons autour de nous durant tout le long de l’exposition. Ce casque n’est pas un simple audioguide, il est un réel narrateur qui parle à la première personne et nous immerge dans une autre époque. Mais ce dispositif amène une expérience plutôt individuelle, le casque, certes ne coupe pas le son extérieur, mais nous oblige à adopter une posture plus solitaire.
Alors pour mon projet, il peut être intéressant de s’inspirer de la présence d’un narrateur. Celui-ci pourrait incarner un personnage qui serait présent tout le long de l’exposition comme une voix off ou un personnage principal.
Cette expérience cinématographique peut être amenée par un narrateur présent durant toute l’exposition comme à l'Hôtel de la marine ou elle peut être ponctuelle avec des personnages qui nous racontent des histoires. C’est le cas à l’Historial Jeanne d’Arc à Rouen.
Dans certaines salles de ce musée sont placées des vidéos mettant en scène des acteurs rejouant des événements historiques. Par exemple, dans une des dernières salles, lorsque les visiteurs entrent, deux vidéoprojections s’activent et laissent place à des comédiens qui rejouent le procès de Jeanne d’Arc. Cependant ces dispositifs ponctuels ne peuvent créer une véritable expérience cinématographique comme nous le souhaitons pour ce projet. En effet, ces vidéos ne constituent pas une narration cinématographique durant toute l’exposition, elles sont là pour apporter dans trois salles une illustration d’une scène historique.
Parallèlement, ce type de dispositif impose de mettre en place des visites en groupe et à horaire, car pour que l’expérience cinématographique soit la plus forte possible, il faut que la vidéo soit projetée une fois et que tous les visiteurs la regardent en même temps. Par exemple, l’exposition Éternel Mucha au Grand Palais immersif propose de commencer l’exposition par une vidéo de 30 minutes racontant la vie et les œuvres de Mucha. Cependant le souci, c’est que l’accès à cette exposition n’a pas d’horaire. Personnellement, lors de ma visite je suis arrivée aux trois quarts de la vidéo de présentation. Il m’a fallu un long moment pour comprendre et réussir à mettre toutes les informations données dans l’ordre. Dans ce cas-là, il est intéressant de mettre en place des visites à horaires. Bien que cela puisse être contraignant pour l’accessibilité des visiteurs dans l’exposition, cette approche peut permettre aux visiteurs d’appréhender l’exposition plus facilement. La narration cinématographique pourrait alors adopter un rôle de guide d’exposition, un guide virtuel.
Si la temporalité d’une vidéo n’est pas imposée aux visiteurs et qu’elle tourne en boucle, pouvons-nous dire alors qu’il s’agit encore d’une expérience cinématographique ? Est-elle assez forte et impactante ? La temporalité de la vidéo n’étant pas imposée, sa lecture par les visiteurs n’est pas entièrement collective. Chacun peut la regarder quand il le souhaite.
Alors pour contrer cela, les vidéos peuvent arriver à des moments inopinés, comme dans l’exposition Pompéi. Durant quelques minutes, une vidéo peut prendre le contrôle de toute l’exposition et ainsi créer une expérience cinématographique. Ces apports ponctuels peuvent venir dynamiser et bousculer le parcours du visiteur.
Cette narration cinématographique peut être présente durant toute l’exposition ou elle peut se placer dans des espaces stratégiques, comme par exemple dans des moments de transition. Il existe certaines expositions qui débutent par une projection d’une vidéo introductive sur la vie de l’artiste. C’est par exemple le cas au Musée Chaplin en Suisse. Les visiteurs débutent leur exposition dans une salle de cinéma, fauteuil en velours rouge et grand écran blanc. Une vidéo de présentation sur Charlie Chaplin est présentée au visiteur pour introduire l’exposition, pendant quelques minutes les visiteurs vivent une expérience cinématographique, qui est ici identique à celle de la salle de cinéma. Puis à la fin de la projection, le rideau se lève en donnant accès à l’exposition. L’image est forte, les visiteurs traversent l’écran pour entrer dans l’univers de Charlie Chaplin avec des reconstitutions de décors, des statues… Le dispositif ici est intéressant car il permet d’introduire par le cinéma la suite de la visite. Mais nous pouvons imaginer développer l’utilisation déjà existante de ce dispositif en l’ajoutant entre différentes parties d’une exposition comme une pause cinématographique qui pourrait servirait de conclusion ou d’introduction aux diverses parties.
Ensuite, nous pouvons réfléchir à l’équilibre de cette hybridation.
Dans un premier temps, nous pouvons imaginer que l’expérience
cinématographique soit moins présente que l’exposition. Elle
pourrait prendre place en apportant ponctuellement des
vidéoprojections. Elle servirait à dynamiser de temps en temps
l’exposition comme peut le faire un dispositif interactif face à
un tableau. Par exemple, au Musée d'Aquitaine, devant certains
expôts, le visiteur peut découvrir plus d’éléments grâce à une tablette
tactile.
Mais dans l’expérience globale, c’est une image d’exposition traditionnelle qui restera gravée en mémoire pour les visiteurs. Le parti pris n’est, dans ce cas-là, peut être pas assez fort pour créer une nouvelle expérience visiteur.
Nous pourrions donc imaginer une expérience cinématographique
plus forte.
Dans une exposition avec très peu de tableaux, les visiteurs
pourraient être guidés par des vidéoprojections qui raconteraient
par exemple l'histoire d’un artiste et qui de temps en temps mettrait
ces quelques tableaux en avant. Le musée Albert Kahn propose un
dispositif de ce type. Assis sur un banc, un écran au centre raconte une
histoire et autour de lui, quatre objets qui sont dans la pénombre. Lorsque l’objet est mentionné dans la narration, celui-ci est éclairé.
Durant ce moment, toute notre attention est sur cet objet, nous inspectons chaque détail. Alors pour cette exposition hybride, il peut être intéressant de mettre en avant seulement une petite quantité de tableaux et de raconter leur histoire grâce à la narration cinématographique. Avec ce principe, ces tableaux, souvent noyés dans tous les tableaux dans un musée de beaux-arts, pourraient être mis sur un piédestal.
Ensuite, nous pourrions essayer de créer un équilibre parfait entre
l’expérience cinématographique et l’exposition. Elles peuvent se
mélanger, à la suite ou être l’une dans l’autre. En s’inspirant de
l’espace de projection du film réalisé par David Cronenberg à la
fondation Prada, nous pouvons imaginer un espace dans un
espace. Le but n’est pas de recréer simplement la boîte noire,
mais de donner à cet espace le rôle central. L’expérience
cinématographique peut se retrouver au centre en étant visible par des ouvertures lorsqu’on est dans la partie exposition. Ou inversement, la partie exposition peut se retrouver au centre, et l’expérience cinématographique tout autour. Pour une exposition de beaux-arts, cette approche pourrait permettre une introduction dans l’exposition plus sensible et immersive sans tomber dans une reproduction de ce que propose l’Atelier des Lumières.
Cette expérience cinématographique peut prendre du recul et surplomber toute l’exposition, à la manière de l’exposition Cher futur moi, mettant en espace les œuvres vidéos de Irvin Anneix scénographié par le studio Bigtime. Avec au centre, de la pièce, plusieurs installations vidéo dans lesquelles les visiteurs étaient invités à déambuler. Et sur le côté, des gradins qui faisaient face à une grande vidéoprojection positionnée de l’autre côté des installations. Le visiteur est devenu ici double spectateur : d’une part, spectateur de la vidéoprojection et d’autre part, spectateur des visiteurs qui déambulent à travers les installations. Cette mise en espace propose une expérience cinématographique particulière, l’expérience est, d’une certaine manière, collective puisque lorsque les visiteurs regardent les différentes installations, ils se
retrouvent seuls face à une vidéo. Puis lorsque celui-ci prend
du recul et se positionne sur les gradins face à la vidéo qui se
trouve de l’autre côté, le visiteur, devenu spectateur, observe
aussi le spectacle des autres visiteurs. Ainsi, tous ensemble,
sans qu’ils s’en aperçoivent, les visiteurs créent le spectacle et
donc une expérience collective.
Pour finir cette recherche de principe, nous pouvons nous questionner sur le type d’exposition : permanente ou temporaire ? Pour mon projet, nous pouvons imaginer une exposition temporaire qui proposerait cette expérience pendant seulement quelques mois. Mais nous pouvons aussi nous implanter dans une exposition permanente. De façon temporaire, ou non, ces apports cinématographiques pourraient venir quelques temps ponctuer une exposition permanente pour la dynamiser, la faire évoluer pendant quelques mois.
Conclusion
Dans ces trois articles, nous avons pu décrypter le lien étroit qui s’est tissé au fil des années entre le cinéma et le musée. Au fur et à mesure des articles, notre recherche s’est concentrée sur deux espaces bien précis : la salle de cinéma et la salle d’exposition. Nous avons pu analyser que ces deux salles proposent des expériences distinctes qui possèdent même une dénomination différente entre spectateur et visiteur.
Lorsque nous sommes spectateurs de cinéma, nous vivons, grâce aux différents critères que nous avons établis dans le deuxième article, une expérience forte et collective. C’est pourquoi, il me semble que cette expérience singulière peut être intéressante à hybrider avec celle de l’expérience muséale. Comme vu dans ce dernier article, cette hybridation se créerait grâce à l’ajout d’une narration cinématographique dans une exposition. Cette narration peut avoir une utilité pour certain contexte d’exposition, pour l’instant la piste envisagée serait les beaux-arts. Il est important pour moi de définir un contexte plus précis durant mon début de recherche de projet afin qu’il fasse sens par rapport à l’utilisation d’une narration cinématographique. Ce choix déterminera aussi l'institution culturelle dans laquelle je peux implanter mon projet.
Ainsi, l’enjeu de ce projet ne se limite pas à juxtaposer des vidéoprojections avec des tableaux mais de créer une narration d’exposition forte et captivante inspirée de la salle de cinéma.
cinématographique soit moins présente que l’exposition. Elle
pourrait prendre place en apportant ponctuellement des
vidéoprojections. Elle servirait à dynamiser de temps en temps
l’exposition comme peut le faire un dispositif interactif face à
un tableau. Par exemple, au Musée d'Aquitaine, devant certains
expôts, le visiteur peut découvrir plus d’éléments grâce à une tablette
tactile.
Mais dans l’expérience globale, c’est une image d’exposition traditionnelle qui restera gravée en mémoire pour les visiteurs. Le parti pris n’est, dans ce cas-là, peut être pas assez fort pour créer une nouvelle expérience visiteur.
Nous pourrions donc imaginer une expérience cinématographique
plus forte.
Dans une exposition avec très peu de tableaux, les visiteurs
pourraient être guidés par des vidéoprojections qui raconteraient
par exemple l'histoire d’un artiste et qui de temps en temps mettrait
ces quelques tableaux en avant. Le musée Albert Kahn propose un
dispositif de ce type. Assis sur un banc, un écran au centre raconte une
histoire et autour de lui, quatre objets qui sont dans la pénombre. Lorsque l’objet est mentionné dans la narration, celui-ci est éclairé.
Durant ce moment, toute notre attention est sur cet objet, nous inspectons chaque détail. Alors pour cette exposition hybride, il peut être intéressant de mettre en avant seulement une petite quantité de tableaux et de raconter leur histoire grâce à la narration cinématographique. Avec ce principe, ces tableaux, souvent noyés dans tous les tableaux dans un musée de beaux-arts, pourraient être mis sur un piédestal.
Ensuite, nous pourrions essayer de créer un équilibre parfait entre
l’expérience cinématographique et l’exposition. Elles peuvent se
mélanger, à la suite ou être l’une dans l’autre. En s’inspirant de
l’espace de projection du film réalisé par David Cronenberg à la
fondation Prada, nous pouvons imaginer un espace dans un
espace. Le but n’est pas de recréer simplement la boîte noire,
mais de donner à cet espace le rôle central. L’expérience
cinématographique peut se retrouver au centre en étant visible par des ouvertures lorsqu’on est dans la partie exposition. Ou inversement, la partie exposition peut se retrouver au centre, et l’expérience cinématographique tout autour. Pour une exposition de beaux-arts, cette approche pourrait permettre une introduction dans l’exposition plus sensible et immersive sans tomber dans une reproduction de ce que propose l’Atelier des Lumières.
Cette expérience cinématographique peut prendre du recul et surplomber toute l’exposition, à la manière de l’exposition Cher futur moi, mettant en espace les œuvres vidéos de Irvin Anneix scénographié par le studio Bigtime. Avec au centre, de la pièce, plusieurs installations vidéo dans lesquelles les visiteurs étaient invités à déambuler. Et sur le côté, des gradins qui faisaient face à une grande vidéoprojection positionnée de l’autre côté des installations. Le visiteur est devenu ici double spectateur : d’une part, spectateur de la vidéoprojection et d’autre part, spectateur des visiteurs qui déambulent à travers les installations. Cette mise en espace propose une expérience cinématographique particulière, l’expérience est, d’une certaine manière, collective puisque lorsque les visiteurs regardent les différentes installations, ils se
retrouvent seuls face à une vidéo. Puis lorsque celui-ci prend
du recul et se positionne sur les gradins face à la vidéo qui se
trouve de l’autre côté, le visiteur, devenu spectateur, observe
aussi le spectacle des autres visiteurs. Ainsi, tous ensemble,
sans qu’ils s’en aperçoivent, les visiteurs créent le spectacle et
donc une expérience collective.
Pour finir cette recherche de principe, nous pouvons nous questionner sur le type d’exposition : permanente ou temporaire ? Pour mon projet, nous pouvons imaginer une exposition temporaire qui proposerait cette expérience pendant seulement quelques mois. Mais nous pouvons aussi nous implanter dans une exposition permanente. De façon temporaire, ou non, ces apports cinématographiques pourraient venir quelques temps ponctuer une exposition permanente pour la dynamiser, la faire évoluer pendant quelques mois.
Conclusion
Dans ces trois articles, nous avons pu décrypter le lien étroit qui s’est tissé au fil des années entre le cinéma et le musée. Au fur et à mesure des articles, notre recherche s’est concentrée sur deux espaces bien précis : la salle de cinéma et la salle d’exposition. Nous avons pu analyser que ces deux salles proposent des expériences distinctes qui possèdent même une dénomination différente entre spectateur et visiteur.
Lorsque nous sommes spectateurs de cinéma, nous vivons, grâce aux différents critères que nous avons établis dans le deuxième article, une expérience forte et collective. C’est pourquoi, il me semble que cette expérience singulière peut être intéressante à hybrider avec celle de l’expérience muséale. Comme vu dans ce dernier article, cette hybridation se créerait grâce à l’ajout d’une narration cinématographique dans une exposition. Cette narration peut avoir une utilité pour certain contexte d’exposition, pour l’instant la piste envisagée serait les beaux-arts. Il est important pour moi de définir un contexte plus précis durant mon début de recherche de projet afin qu’il fasse sens par rapport à l’utilisation d’une narration cinématographique. Ce choix déterminera aussi l'institution culturelle dans laquelle je peux implanter mon projet.
Ainsi, l’enjeu de ce projet ne se limite pas à juxtaposer des vidéoprojections avec des tableaux mais de créer une narration d’exposition forte et captivante inspirée de la salle de cinéma.
© Tous les dessins de ces articles sont des productions personnelles.